Editorial: Le numérique au secours des pauvres ?

La technologie a bien bouleversé le monde entier dans le sens que la planète entière est devenue un petit village. La vitesse spectaculaire de la croissance de l’économie mondiale, renforcée par une rapide évolution des technologies, a été inédite. Elle a amélioré le bien-être et le niveau de vie de milliards de personnes les plus pauvres.

Depuis le XVIIIe siècle, les sociétés occidentales entrent dans la modernité. L’humain se retire progressivement des croyances religieuses pour bâtir le progrès humain sur la liberté individuelle, la raison et la science. Le culte a cédé à la culture. Dans le même temps à la transformation culturelle, la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle se démarque par son avancée radicale des sciences et des techniques, dont les cycles de développement technologique ont créé des croissances économique, démographique et de progrès. La religion cesse d’avoir réponse à tout au profit de la science qui engendre des progrès technologiques incroyables.

C’est ainsi que l’homme s’affranchit des contraintes de la nature. La maîtrise du charbon et de la machine à vapeur qui correspond à la première révolution industrielle, puis du pétrole et de l’électricité qui coïncide avec la deuxième révolution industrielle. Cette domestication de l’énergie a permis l’accroissement de la productivité agricole. La bataille contre la faim a été gagnée en occident, à la fois en amont et en aval. En amont, l’agriculture bénéficie  de la pétrochimie via l’utilisation d’intrants (engrais et produits phytosanitaires) permettant d’augmenter la production. En aval, l’industrie de transformation et de conservation alimentaire par l’énergie permet la diversification  alimentaire et de garder des aliments pendant plus longtemps. Cette banque de l’alimentation s’impose comme une « arme » contre la faim.

En même temps les progrès réalisés dans la médecine engendre la chute de la mortalité et permet d’enrayer les maladies infectieuses. Depuis Robert Koch et Louis Pasteur, les maladies sont définies par leurs causes et non pas par leurs symptômes. La distribution de l’eau par l’énergie obtient une avancée colossale de l’hygiène et cela sonne le début du progrès spectaculaire en matière de santé publique. C’est aussi le progrès de l’invention du matériel de laboratoire qui fait avancer le dépistage des maladies et de la recherche des médicaments.

Ces progrès techniques considérables alors se traduisent par une expansion sans précédent de la population mondiale. Après une lente croissance (de XIV à la fin du XVIIe siècle), elle va se multiplier par douze en trois siècles, elle passe de 600 millions d’âmes humaines en 1700 à huit milliards en 2019. Depuis 1945, le monde s’est transformé. L’essor technique et humain est si rapide et généralisé qu’il a été baptisé de « grande accélération». A partir de la fin de la deuxième guerre mondiale, les gens veulent  « dévorer »  la vie. La population humaine a triplé et la consommation d’énergie se multiplie par six.  Cette augmentation de la population s’accompagne avec une accélération de la consommation. Déjà le nombre de voitures particulières en circulation passe de 40 millions en 1945 à 1 milliard en 2019. Par extrapolation, on imagine que le nombre de voitures particulières est également en augmentation dans le monde.

Mais c’est la découverte de l’internet et tout ce qui va avec, va bouleverser le monde  entier au début des années 1990.  Aux  milliards d’ordinateurs portables qui sont vendus, il va s’ajouter, à partir de l’année 2018, des milliards de smart phones. A peine 10 ans plus tôt, Apple a commercialisé 1.4 milliards de smart phones, (Iphone) et en 2019 plus de trois milliards d’individus possédaient un smart phone. Une augmentation vertigineuse quand on sait que la durée de vie d’un smart phone ne dépasse pas 2 ans. En effet, cela constitue un des enjeux majeurs de la production des smart phones, dont la production consomme plus de ressources naturelles avec un impact important sur l’environnement et la stabilité des pays dits fragiles.

Les progrès technologiques ont aussi fait avancer les enquêtes pour élucider des crimes. Pratiquement à part Xavier Dupont de Ligonès, ce Français de Nantes, qui s’est volatilisé, il y a 10 ans après avoir massacré toute sa famille, tous les crimes sont résolus grâce à l’indispensable développement technologique. Le téléphone portable et surtout les smart phones fournissent des premiers indices de crimes. Par la géolocalisation un malfaiteur peut être appréhendé grâce à son propre téléphone portable.

D’autres outils en miniature sont utilisés pour tracer, traquer et même décrypter des malfaiteurs. Des cameras de surveillances nichées  à tous les coins de rue sont des outils préférés des enquêteurs de la police criminelle. Toutes les cartes à puce que nous utilisons pour la banque, le bus et comme carte d’identité peuvent donner des indications sur nos mouvements, nos fréquentations et démolir un alibi en une fraction de seconde. Mais c’est les empreintes génétiques qui constituent la plus grande découverte dans la lutte contre la criminalité. L’ADN trouvé sur le lieu du crime est une preuve sans appel.

Les avancées technologiques, qui nous permettent facilement et rapidement d’avoir accès à nos besoins, notamment le compte en banque ou aux données sur internet, facilitent nos vies. Mais, elles peuvent être, également, utilisées pour nous espionner, nous épier voire même s’inviter dans notre vie privée. Et pourtant, nous n’en avons encore fini avec ce progrès technologique. Bientôt, les petits gadgets produits par une intelligence artificielle vont faire partie de nos vies. Probablement que de minuscules petits gadgets pourront être utilisés pour explorer nos corps et donner des alertes contre certaines maladies, comme, notamment les cancers malins. Les avions pourront se piloter en automatique et, d’autres découvertes, toutes aussi surprenantes que nécessaires devraient voir le jour.

Toutefois, le monde reste toujours dominé par des disparités de richesses. Certains pays plus riches concentrent les bienfaits de ces avancées technologiques, au moment où, d’autres n’arrivent pas à sortir de l’ère de la pierre taillée. Dans plusieurs pays africains peu de citoyens réussissent à se payer un smart phone. Parfois, son prix dépasse un salaire d’un fonctionnaire moyen diplômé d’université. Face à cette inégalité, Et ils se lancent à la débrouille. Ils reprennent des téléphones de seconde main, ou ils se rabattent sur des téléphones de mauvaise qualité et moins chers, produits en Chine pour les pauvres. Ces progrès de la technologie qui ont permis des merveilles à l’humanité seront-ils au rendez-vous de l’histoire avec l’Afrique ? Vont-ils venir à l’aide de l’Afrique pour lutter contre ses fléaux : la faim, la santé, le chômage, la corruption, le crime d’Etat, les violations des droits de l’homme, l’injustice…? Ce site se propose de faire l’état des lieux des progrès de la technologie dans certaines contrées africaines et d’explorer les secteurs prioritaires à développer pour un bien-être du peuple en Afrique.