TIC en Afrique : État des lieux

Introduction

Les technologies de l’information et de la communication (TIC), surtout la téléphonie mobile et l’internet, jouent désormais un rôle majeur dans le développement économique des pays car elles révolutionnent les échanges économiques et stimulent la croissance économique et la réduction de la pauvreté.

Les TIC sont considérées aujourd’hui comme étant incontournables pour accélérer le développement et contribuent à l’émergence des innovations dans divers domaine comme la santé, l’agriculture, la finance, le transport, le commerce, à la gestion des administrations publiques, l’éducation, les services, etc.

On entend souvent dans les discours de chefs d’États ou de responsables politiques des pays développés et dans les médias la nécessité d’aider les pays africains à s’intégrer à la « société de l’information ».

Mais est-ce que ces derniers ont pris en compte les réalités sociales, économiques et culturelles de ces pays?

Selon la définition de l’UNESCO, on entend par technologies de l’information et de la communication TIC, « l’ensemble des dispositifs et des systèmes informatiques de stockage, de communication, de traitement et de gestion de données. »

La diffusion des TIC sur le continent, qui date de la fin des années 1990, s’est fortement accélérée au cours des dernières années. Malgré cela, l’Afrique apparaît encore dans le bas des classements mondiaux en matière de développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de l’exploitation de leur potentiel.

Les TIC comme moyen de rattrapage

Etant donné le sous-développement du continent africain, Internet peut être une solution au développement économique et social des pays d’Afrique subsaharienne.

Les solutions apportées par les TIC peuvent permettre à l’Afrique de “sauter” des étapes et donc d’atteindre plus rapidement les objectifs de développement. Cette avancée peut être illustrée par les services de paiement et de transfert d’argent par téléphone qui se sont développés dans des contextes de faible bancarisation, mais qui en sont aussi des accélérateurs. L’argent mobile permet par exemple des transactions plus rapides, plus sûres et à distance.

Les TIC peuvent donc permettre de réduire la marginalité du continent africain en facilitant la diffusion et l’accès aux informations internationales. Par ailleurs, les TIC peuvent jouer un rôle considérable dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion.

Cependant, le développement des TIC en Afrique est déséquilibré : en général seules les principales capitales sont connectées, le monde rural africain et les petites villes de l’intérieur sont largement démunis.

Or ces espaces hébergent, non seulement la majorité des populations, mais représentent également les principales sources de revenus du continent (produits agricoles). Ces zones sont également caractérisées par des conditions financières, technologiques et humaines défavorables à la diffusion de l’Internet (taux élevé d’analphabétisme, pauvreté économique, infrastructures de télécommunications inadéquate…).

Le nombre d’appareils utilisés

Entre 2005 et 2015, le nombre d’appareils utilisés sur le continent est passé de 130 à 900 millions. Sur ces 900 millions d’appareils, on comptait moins de 200 millions de smartphones. Et le GSMA estimait que ce chiffre devrait atteindre 500 millions en 2020. Une grande partie des usagers possédant plusieurs téléphones et plusieurs cartes SIM.

Taux de pénétration d’Internet en Afrique

Le taux de pénétration (nombre d’utilisateurs d’Internet pour 100 habitants), en croissance forte au cours des cinq dernières années, est estimé à 24% environ en 2016 pour l’ensemble du continent, à moins de 20% pour l’Afrique subsaharienne, alors que la moyenne mondiale dépasse les 45%.

Et d’après Internet World Stats, le taux de pénétration d’Internet en Afrique s’élève au 30 juin 2019 à 39.8 %, soit 525 millions d’usagers, contre une moyenne mondiale de 57.3 %.

Et selon le rapport de la GSM Association (GSMA) 2018 sur l’économie numérique africaine, les technologies mobiles ont contribué à hauteur de 7.1 % du PIB de l’Afrique subsaharienne, soit 110 milliards de dollars.

Dans une étude réalisée par MEDIANET Labs sur les trois médias sociaux principaux en Afrique : Facebook, Instagram et LinkedIn ! Les données collectées au mois d’octobre 2018 concernent 53 pays africains. Cette étude prend en compte le nombre, le genre et la répartition selon la tranche d’âge des utilisateurs de réseaux sociaux africains.

Etude sur les médias sociaux africains : le nombre de connectés sur ces réseaux sociaux

L’Afrique compte une population de 1 211 434 463 d’habitants. 453 328 534 de ces habitants sont connectés, soit 37.4 % de la population africaine totale. Cela représente 10.9% des internautes dans le monde (4 156 932 140).

Cette dynamique n’est toutefois pas égale à travers le continent. En Afrique subsaharienne, le taux de pénétration de la téléphonie mobile varie énormément d’un pays à l’autre.

Au Niger et en République centrafricaine, il n’atteint pas 25% et en Érythrée il est estimé à 9%. À l’île Maurice, aux Seychelles, au Botswana et en Afrique du Sud, les taux sont proches des 70%.

Cela tient en partie à une autre spécificité du continent africain: plus de la moitié des connexions à Internet passent par le téléphone mobile plutôt que par un ordinateur.

En Afrique subsaharienne, c’est donc pour le moment le téléphone mobile qui porte la révolution numérique. Il est devenu un outil indispensable de la vie quotidienne et il s’élève au même rang que des services de base (électricité, installations d’assainissement améliorées), pour lesquels les taux de couverture sont analogues voire inférieurs.

Le téléphone mobile, avec son coût faible est pour sa part accessible à toute heure et en tout lieu. Il ne demande en outre pas un niveau d’alphabétisation et de maîtrise technique trop élevé.

Des défis à relever

L’une des limites à la diffusion des TIC en Afrique et à l’exploitation de leur potentiel tient au développement tardif des infrastructures qui restent encore insuffisantes au regard des besoins et du rythme auquel croît la demande.

Sous l’effet d’importants investissements des États et des principaux opérateurs de télécommunication opérant sur le continent, tels que l’européen Orange, l’indien Airtel et les sud-africains MTN et Vodacom, les réseaux 2G et 3G couvrent dorénavant les parties les plus peuplées du continent. De nombreux espaces ruraux restent toutefois hors réseau. Quant à la 4G offrant un accès à Internet à haut débit, elle ne progresse que dans les principales agglomérations.

En plus la révolution numérique, par sa rapidité et sa technicité, porte en elle des risques de fragmentations spatiales, entre villes et campagnes notamment, et sociales, liées à l’âge, au sexe, aux inégalités de revenu et/ou au niveau d’éducation.

Pour pallier à cela, la voie du numérique ne pourra en effet être suivie et porter ses fruits sans efforts importants en matière d’éducation, de formation, de renforcement des capacités.

La simplification des technologies, la réduction des coûts de communication, la sécurisation des flux et l’extension des services numériques à des secteurs comme l’agriculture et l’élevage, par exemple, sont également susceptibles de réduire les fractures.

Bien que les défis de l’insuffisance des infrastructures, de l’enclavement rural, de l’énergie et de la cherté des données restent à surmonter, nul ne peut nier que l’ensemble du continent se numérise à un rythme sans précédent.

Le téléphone est en effet une source de dépenses proportionnellement plus importantes pour les ménages africains que pour ceux des pays du Nord. Outre l’achat et la réparation, les coûts de communication augmentent les factures. Même si les coûts de connexion à Internet à partir d’un téléphone chutent rapidement, ils restent en Afrique plus élevés que partout ailleurs.