Le numérique et Le rétablissement des liens familiaux en République démocratique du Congo

La guerre en RDC a débuté en août 1988 et, c’est l’une des plus brutales de l’histoire du monde. Jusqu’à plus de 30 mille enfants, aujourd’hui 16 mille, ont été forcés de se battre en tant que soldats. Des dizaines de milliers de filles et de femmes ont été violées par les combattants. Un accord de paix a été signé en 2003, mais les combats se poursuivent dans l’Est du Congo.

Le lien familial

La famille élargie constitue une base de solidarité particulièrement importante en exil. Bien que l’exigence du déplacement ait très souvent distendu les liens avec les membres de la famille élargie ou les ait totalement rompus, de nombreux réfugiés continuent de compter sur une aide plus ou moins régulière de la part de parents vivant encore dans le pays d’origine ou établis à l’étranger. Plusieurs réfugiés congolais de Nyarugusu affirment pouvoir compter sur des parents réinstallés en Occident et en Australie qui leur envoient de l’argent en cas de besoin. A Bujumbura, certains ont des frères ou des amis à l’étranger qui leur louent des maisons et leur envoient de quoi acheter des rations alimentaires.

Des personnes âgés rapportent avoir pu quitter les camps pour rejoindre des conditions de vie meilleures dans les villes grâce aux aides financières reçues par leurs enfants installés dans des pays tiers. Dans des situations de vulnérabilité économique, les relations d’entraide familiale peuvent toutefois aboutir à des solutions à cout terme telles que le travail d’enfants mineurs et à leur déscolarisation. La famille nucléaire et élargie subit par ailleurs de fortes turbulences durant la trajectoire d’exil.

Des enfants ou des parents peuvent perdre la vie durant la fuite ou même en exil, d’autres se retrouvent séparés par les événements et sans traces ni nouvelles les uns des autres. Des événements tragiques aboutissent ainsi souvent à des recompositions familiales : si des membres disparaissent, de nouvelles personnes, généralement des enfants devenus orphelins suite aux circonstances, peuvent être adoptés par la famille. L’intégration et la prise en charge de nouvelles personnes vulnérables par les familles constituent là encore une illustration de la solidarité qui se déploie en son sein.

Des initiatives locales en faveur des enfants soldats et autres enfants vulnérables

Le Bureau pour le volontariat au service de l’enfance et de la santé ( BVES) , une organisation présente à Bukavu, recherche les familles des enfants et aide les enfants à retourner chez eux. « On prépare toujours bien à l’avance la famille, les voisins, les leaders communautaires du village avant le retour de l’enfant, pour que celui-ci soit bien accueilli. Si la réunification de la famille n’est pas possible, on place l’enfant dans une famille d’accueil », explique Vincent, assistant social au BVES.

Le séjour au centre de transit réduit grâce au numérique

L’apparition des réseaux sociaux, notamment les applications Facebook, Whatsap facilitent la recherche familiale. A partir d’un numéro de téléphone du voisin de l’enfant, les assistants sociaux parviennent à retracer l’histoire de l’enfant séparé. Pour une recherche qui pourrait prendre 3 mois, 14 jours suffisent pour achever le processus de réunification familiale. Le téléphone mobile vient jouer un rôle important sur le plan psychosocial. En effet, grâce au téléphone mobile, l’enfant séparé peut parler directement à ses parents sans intermédiaire.

Ce contact directe apaise la tension chez l’enfant et contribue à renforcer la cohésion sociale dans le foyer de transit pour enfants séparés. Moins le séjour est prolongé, plus le gestionnaire du foyer fait des économies en réduisant les dépenses liées à l’hébergement.

S.A