Les TIC pour un développement économique et social durale

L’importance des technologies de l’information et de la communication TIC pour le développement économique et social est reconnue depuis l’essor rapide de ces technologies et de leurs marchés à partir du milieu des années 1990.

La valeur et l’impact des TIC, en tant que technologies universelles, découlent principalement de leur exploitation dans d’autres secteurs économiques et sociaux.

Qu’est-ce que le développement ?

Pour comprendre la contribution des TIC au développement, voyons d’abord la signification du terme développement.

Selon l’économiste et philosophe Indien Amartya Sen dans son livre Development as Freedom, le développement veut dire l’expansion et l’extension des libertés dont les gens peuvent jouir. Pour cet expert qui a entre autres élaboré pour le PNUD l’Indice de Développement Humain (IDH) comme un indicateur de développement, le développement et les droits humains sont les deux côtés de la même pièce.

La liberté dont parle Sen est entre autres :  

  • La possibilité de vivre sans avoir faim, qui est une conséquence directe de la pauvreté. En sortant les gens de la pauvreté, on les protège contre la faim tout en leur donnant d’autres libertés, comme une plus grande liberté de décision.
  • la liberté est de vivre sans maladies chroniques. Les gens ne peuvent pas réaliser leur potentiel s’ils sont fréquemment malades.
  • la liberté de vivre sans être constamment entouré de saletés, de fumée de pollution et de bactéries nocives.
  • des libertés plus évoluées comme la liberté d’être traité sur un pied d’égalité, surtout l’égalité entre les femmes et les hommes, la liberté de recevoir une éducation, de choisir son gouvernement, et la liberté de s’exprimer et de pratiquer sa religion.

Bref, plus les gens jouissent de ces libertés plus ils sont développés et plus ils vont contribuer à développer davantage leurs familles, leurs communautés et leurs nations.

Comment les TIC peuvent contribuer à cette vision du développement ?

Les TIC peuvent contribuer largement à offrir ces formes de libertéen permettant par exemple aux populations pauvres d’accéder aux marchés, de demander des services, de recevoir une éducation et d’acquérir de nouvelles compétences, de s’exprimer.

Le concept « les TIC au service du développement » fait référence à l’utilisation des TIC à des fins de développement socioéconomique.

Internet est aujourd’hui un maillon clé du développement comme l’était l’électricité il y a quelques années ou l’est encore dans certains pays en développement.

Les TIC constituent un levier efficace de modernisation et de simplification des procédures.  Elles peuvent en effet améliorer la productivité, la compétitivité, la croissance, la création de richesse et la réduction de la pauvreté ainsi que donner une impulsion à l’économie fondée sur le savoir.

Et l’Afrique ?

Selon l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), les TIC offrent à l’Afrique une opportunité unique d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD). Elles permettent d’agir efficacement à la fois aux plans économique, politique, social et culturel.  

Les solutions apportées par les TIC permettent de “sauter” des étapes et donc d’atteindre plus rapidement les objectifs de développement à l’exemple des services de paiement et de transfert d’argent par téléphone mobile qui se sont développés dans des contextes de faible bancarisation, mais qui en sont aussi des accélérateurs.

L’Afrique apparaît encore dans le bas des classements mondiaux en matière de développement TIC et de l’exploitation de leur potentiel même si la diffusion des TIC sur le continent s’est fortement accélérée au cours des dernières années. Dans ce sens, les TIC constituent un axe primordial pour atteindre les Objectifs du Développement durable (ODD) de l’Afrique.

Les TIC constituent, pour les pays africains, un outil puissant pour accélérer la croissance économique et atténuer la pauvreté. Les opérations réalisées à distance limitent des déplacements longs et coûteux, en particulier auprès des administrations.

Tous les secteurs d’activité sont concernés par la diffusion de l’usage des TIC, qu’il s’agisse de l’agriculture, du commerce et des services ou de l’industrie.

  • L’éducation 

L’usage des TIC peut s’avérer rentable par rapport à la construction de nouvelles infrastructures. Prenons l’exemple du courrier électronique qui permet aux étudiants de partager des connaissances et de collaborer avec d’autres étudiants du monde entier et le E-Learning qui représente un processus d’apprentissage à distance s’appuyant sur des ressources multimédias, qui permet à une ou plusieurs personnes de se former à partir de leur ordinateur.

  • La santé 

Les TIC participent également dans l’amélioration de la qualité des services de santé. Ce domaine présente des avancées en matière de prévention, de dépistage, de traitement et d’élargissement de l’accès aux soins.

Le recours à la technologie permet par exemple d’abolir les distances, de réduire les coûts et de pallier le manque de personnel ou d’infrastructures sanitaires, notamment en faveur de groupes isolés et de zones reculées, de procéder à des diagnostics à distance.

Des prothèses orthopédiques sont fabriquées via l’impression 3D. Des drones sont  utilisés dans la surveillance pour détecter des épidémies, dans le suivi de la propagation de maladies par le biais de la cartographie et le suivi des déplacements de populations. Des drones sont également utilisés pour parachuter des poches de sang dans des zones difficiles d’accès du Rwanda

  • L’environnement 

Ces technologies permettent de surveiller l’environnement en requérant une quantité quasi illimitée de données. Les systèmes d’information géographique SIG, qui facilitent la collecte, le stockage et l’analyse des informations, constituent un moyen efficace dans l’élaboration de plans de gestion viables et la prévision de menaces pour l’environnement.

  • L’agriculture

L’agriculture est un secteur économique des plus diversifiés puisqu’il englobe les agriculteurs, les organisations d’agriculteurs, les organismes gouvernementaux, les instituts de recherche, les négociants, les multinationales, etc. Pour être productif, un secteur dépend d’une interaction fructueuse et équitable entre ses différents acteurs. La communication et l’échange d’information sont donc essentiels au processus comme l’accès à l’information sur les prix, les marchés et la production, etc.

Par exemple, la connectivité peut donner accès à des informations susceptibles d’être ensuite transférées par messagerie (SMS) pour une meilleure exploitation.

  • Le secteur financier

Banques, assurances, transferts d’argent: les innovations sont considérables. Les plateformes de paiement numérique permettent de multiples usages liés à la réception et à l’envoi d’argent à partir de téléphones mobiles : envoi de fonds par des travailleurs émigrés à un coût fortement réduit, accès à des crédits, microcrédits ou comptes d’épargne et autres services tels que le paiement de factures ou le règlement d’achats pour des populations n’ayant pas accès aux systèmes bancaires.

  • Planification, gestion et aménagement urbain

Ces secteurs connaissent également de profondes transformations depuis quelques années: utilisation de plus en plus répandue des TIC dans la gestion des services urbains, projets de villes intelligentes (smart cities) comme Konza City au Kenya, Eko Atlantic City au Nigeria ou Akon City au Sénégal.

Les technologies numériques sont mises au service des enjeux internes aux villes : améliorer l’efficacité des services publics, à travers la numérisation du cadastre, la gestion en temps réel du transport ou de la sécurité via la vidéosurveillance, l’offre de nouveaux services aux usagers dans le cadre de l’e-gouvernance, le développement d’outils et d’applications par les usagers ou des opérateurs privés.

Les technologies numériques répondent également à des enjeux de compétitivité économique nationale et internationale. Ont été créés des hubs technologiques (de la Silicon Cape en Afrique du Sud à la Silicon Savannah au Kenya) ou des espaces de travail partagés permettant de mutualiser les coûts, de favoriser les échanges d’idées et d’offrir aux startups un accueil en phase de pré-incubation ou de prototypage, à l’image des FabLabs.

Des défis à relever

Pour que l’impact des TIC sur les processus de développement puisse se confirmer et s’amplifier, plusieurs défis restent à relever pour les pays du continent comme les besoins en  infrastructures, le risque de fracture numérique et la nécessité de renforcer les politiques publiques, les risques de fragmentations spatiales entre villes et campagnes notamment, et de fragmentations sociales, liées à l’âge, au sexe, aux inégalités de revenu et/ou au niveau d’éducation.

Le développement du numérique pourrait aussi faire resurgir les fragilités de certains régimes politiques dans des pays où les libertés individuelles, la liberté d’expression et d’entreprise ne sont pas entièrement assurées.