Viol à cause d’un téléphone volé

Le fait se passe dans la cité de Kavumu, à 20km au nord de la ville de Bukavu. Cité bouillante et animée par la proximité de l’aéroport et d’un grand camp des casques bleus de la mission des nations unies au Congo, Kavumu figure parmi les villes où la criminalité est fréquente.

L’on se souviendra de viols massifs commis contre les enfants de Kavumu avec la complicité d’un député provincial et chef d’une milice locale.

Kavumu est une cité du territoire de Kabare où, de 2012 à 2015, l’on a enregistré au moins quarante cas de viols sur mineurs. Selon le BCNUDH, « plusieurs rapports aussi bien des ONG que des autorités judiciaires font état d’une vingtaine de cas de viols d’enfants de moins de 12 ans et une trentaine d’autres cas de viols d’ enfants compris entre 12 et 17 ans qui ont été commis selon le même mode opératoire. » L’année la plus sombre a été 2014, avec pas moins de trente cas.

Malgré la condamnation de cet homme politique, les viols continuent dans cette entité administrative.

En juin 2018, deux policiers sous prétexte d’arrêter deux  filles mineures soupçonnées de vol de téléphone, sont conduites d’abord au commissariat de police à ce moment fermé.

Les bourreaux ne trouvent pas mieux que retirer leurs victimes dans une résidence d’un des bourreaux et abusent d’elles.

En effet, le téléphone est un outil à la fois prisé et convoité. Un réseau de voleurs de téléphones s’est ainsi installé au sein de la communauté.

Cette fois-ci, ce sont deux jeunes filles qui sont accusées de vol de téléphone,  à tort évidemment.

L’association des femmes juristes du Congo (Afejuco) accompagne les victimes de violences sexuelles dans la ville de Bukavu et dans le territoire de Kabare.

Grâce au plaidoyer juridique et judiciaire d’Afejuco, les deux policiers, auteurs de viols sur mineures avaient été condamnés par le tribunal militaire de garnison de Bukavu en 2018. Mécontents du jugement rendu au premier degré, les prévenus sont partis en appel.

Une audience en chambre foraine en matière des violences sexuelles organisée par la cour militaire du Sud-Kivu, a eu lieu à Walungu pour examiner le recours des prévenus.

Les lois de 2006 sur la violence sexuelle un impact limité

En 2006, le gouvernement congolais a adopté deux lois spécifiquement destinées à traiter le problème de la violence sexuelle. Ces lois, ainsi que les pressions qui ont entrainé leur adoption, ont eu  un certain impact même s’il est resté minime. Un nombre croissant de cas sont jugés devant des cours militaires et civiles. Les responsables de la justice militaire en RDC sont mieux informés et semblent plus enclins à juger des cas de violence sexuelle et ils prennent des mesures supplémentaires pour protéger les victimes lorsqu’il s’agit d’enfants. De plus, les cours militaires ont appliqué activement le Statut de Rome (du Cour Pénale Internationale) à des cas de crimes d guerre et de crimes envers l’humanité.

Malgré ces améliorations, il n’en reste pas moins que ces crimes n’ont que peu changé dans leur étendue et leur brutalité. L’afflux de nouvelles victimes arrivant à l’hôpital général de référence de Panzi se poursuit sans diminuer, avec des femmes et filles venant par vagues chaque fois que la région connait une nouvelle flambée de violence due aux milices.

A.S