L’Adoption du Bitcoin en Afrique

L’Afrique est en plein essor en termes d’adoption des crypto-monnaies même si elle ne représente pas encore un très grand marché pour la crypto-monnaie, mais elle se développe malgré les inquiétudes et les réglementations strictes dans différents pays. Selon le BitcoinAfrica.io, les cinq premiers pays africains dont les communautés locales sont les plus actives dans le domaine de la crypto-monnaie et qui ont le plus adopté le Bitcoin sont l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Zimbabwe, le Kenya et le Ghana. 

Selon DO4AFRICA dans son article sur “Adoption de la crypto-monnaie en Afrique”, le Nigeria possède l’un des marchés de Bitcoin peer-to-peer les plus dynamiques au monde, mais  le 12 janvier 2017, la CBN (Central Bank of Nigeria) a averti toutes les banques et les institutions financières du Nigeria de ne jamais utiliser, détenir, échanger ou négocier une quelconque monnaie virtuelle. Le 5 février 2021, la CBN a ordonné aux banques de tout le pays de fermer les comptes de toute personne effectuant des transactions en crypto-monnaies.

Selon toujours DO4AFRICA, le Maroc, l’Algérie, la Libye, l’Egypte, la Zambie, le Zimbabwe et la Namibie ont interdit eux aussi l’utilisation de la crypto-monnaie.  Au Kenya, le gouvernement n’est ni réceptif, ni opposé à la crypto-monnaie. Cependant, il avertit également ses citoyens qu’elle n’a pas cours légal, et n’offre donc aucune protection pour toute défaillance pouvant apparaître dans les affaires de crypto- monnaie. En Afrique du Sud, il n’y a pas de lois ou de réglementations spécifiques qui traitent de l’utilisation des monnaies virtuelles. Cependant, un groupe de travail a été créé sur la réglementation des actifs cryptographiques examinant la position du pays sur le sujet. 

Au Burundi, dans un avis au public du 20 août 2019, la Banque de la République du Burundi (BRB) a indiqué qu’elle a été alertée à propos de l’existence d’activités d’investissement et de commercialisation de monnaies virtuelles appelées aussi cryptomonnaies dont le Bitcoin, l’Ether, le Litecoin, le Dogecion, l’Onecoin, le BTC, le Fahari Cash Coin, l’Ello Cash Coin et d’autres produits similaires. La BRB a déclaré que ce sont des moyens de paiement non réglementés par aucune autorité monétaire, lit-on dans l’avis au public.

A cet égard, la BRB a d’ailleurs rappelé au public qu’aucune entité ni institution financière n’était actuellement autorisée à offrir des services de remise de fonds ou autres services de paiement en utilisant une monnaie virtuelle. Elle a conseillé au public de faire preuve de prudence et de s’assurer que leurs investissements ou toute autre opération financière est effectuée par des institutions financières de dépôt crédibles et dûment autorisées par la Banque centrale.

En Tanzanie, la présidente Samia Suluhu Hassan a incité la banque centrale tanzanienne à s’intéresser au sujet de l’inclusion financière du Bitcoin et des cryptomonnaies au sein du pays après que plusieurs pays se soient déjà penchés sur la question. Le 14 juin 2022, Samia Suluhu Hassan (citée par le site Cryptoast dans son article « Tanzanie : la présidente incite à se préparer à l’adoption du Bitcoin et des cryptomonnaies »), a en effet incité la banque centrale de son pays à se pencher davantage sur ces monnaies numériques. Selon la présidente de la république, « dans toute la région, y compris en Tanzanie, ils n’ont pas accepté ou commencé à utiliser ces chemins. ». Elle a déclaré : « Mon appel est le suivant : vous devriez commencer à travailler sur ce développement. La Banque centrale doit être prête pour les changements et ne pas être prise au dépourvu,».

L’accent a été mis sur l’indifférence des institutionnels et des gouvernements en ce qui concerne les cryptomonnaies en Afrique de l’Est.

Quant à l’Ouganda (selon le site press free dans son article « BoU met la crypto-monnaie sur liste noire en Ouganda »), la banque centrale a mis en garde le public contre l’utilisation de crypto-monnaies pour effectuer des transactions commerciales, affirmant que la Banque centrale n’a autorisé aucune entreprise à offrir les services. Le directeur du système national de paiements, dans un avis daté du 29 avril, a déclaré que la Banque centrale avait noté avec inquiétude certaines entités faisant la publicité de la conversion de crypto-monnaies en argent mobile et vice versa, ce qui, selon lui, est illégal.

Bref, vous l’aurez compris, aucun pays africain n’avait encore légalisé le bitcoin. Mais en avril 2022, la Centrafrique a légalisé l’usage des cryptomonnaies et est devenue le premier pays africain (et le deuxième au monde après le Salvador) à faire du bitcoin une monnaie officielle, aux côtés du franc CFA. L’annonce a été faite par la présidence centrafricaine, assurant qu’il s’agit du premier pays à le faire en Afrique. L’Assemblée nationale a voté « à l’unanimité » des députés présents, la loi « régissant la cryptomonnaie en République centrafricaine » et le président de la République l’a promulguée. 

Le 7 septembre 2021, le Salvador avait été le premier pays au monde à adopter le bitcoin comme monnaie légale et le FMI avait immédiatement dénoncé une décision dangereuse pour la « stabilité financière, l’intégrité financière et la protection des consommateurs ». .

Au lendemain de l’adoption par la Centrafrique du bitcoin comme monnaie officielle, le Fonds monétaire international (FMI) a appelé à ne pas voir le bitcoin «comme une panacée contre les défis économiques» auxquels l’Afrique fait face, tout en affirmant que les cryptomonnaies «peuvent contribuer à un système de paiements plus robuste» sur le continent, a indiqué le directeur du département Afrique au FMI, Abebe Aemro Selassie, au cours d’une conférence de presse. Mais la présidence de la Centrafrique a estimé que cette démarche place au contraire la République centrafricaine sur la carte des plus courageux et visionnaires pays au monde ».

Pour conclure, la résistance des régulateurs est et reste l’un des plus grands défis en Afrique, comme indiqué dans les paragraphes ci-dessus.

La crypto-monnaie n’est pas seulement une solution pour le sort des « non bancarisés ». Elle pourrait aussi être vue comme une méthode pour permettre à la population de contrôler économiquement sa propre richesse.

Pour l’heure, seuls le Salvador et la Centrafrique ont adopté le bitcoin comme monnaie légale, mais d’autres pays envisagent de le faire, certains ayant enclenché des processus législatifs dans ce sens.

Médiatrice Nkurunziza