La Justice américaine frappe, Binance rentre dans les rangs.

La justice américaine sort encore son gros bâton pour punir la plus grande bourse des crypto-monnaies, Binance. Elle devra verser une amende de 4,3 milliards de dollars. Elle est accusée d’avoir violé la loi américaine dans ses différentes opérations de transactions. Les deux principales agences américaines de régulation des marchés financiers, la SEC et la CFTC ont poursuivi en justice la plateforme d’échange pour avoir facilité ou permis même le blanchiment par des groupes criminels.

Les agences de régulation américaines reprochent en fait à Binance de n’avoir pas pris des mesures nécessaires pour surveiller afin d’empêcher des groupes criminels de passer par la plateforme pour leurs transactions. Les clients de Binance pouvaient accéder pour utiliser la plateforme sans aucune vérification de leur identité. Les enquêteurs de deux agences du trésor américain accusent Binance de n’avoir pas pris des mesures pour prévenir des transactions effectuées par des mouvements comme le groupe Etat islamique, al-Qaïda ou des brigades Ezzedine al-Qassam branche armée du Hamas.

« Faute d’avoir appliqué des mesures anti-blanchiment, Binance a permis à un large éventail d’acteurs criminels de réaliser des échanges sur la plateforme », a expliqué le trésor américain.

Selon les enquêteurs du trésor américain, les monnaies numériques sont tout le temps utilisées par des organisations criminelles pour faire transiter leurs avoirs. Le secteur des crypto-monnaies permet en gros l’anonymat total et  moins de garanties contre le blanchiment que le système bancaire traditionnel qui est lui soumis à de très lourdes obligations  en matière de réglementations.

« Depuis ses origines, Binance, et son fondateur Changpeng Zhao, ont préféré (respectivement) la croissance et la fortune personnelle au mépris de la réglementation financière destinée à empêcher le blanchiment d’avoirs criminels », a commenté Tessa Gorman, la procureure de Seattle, citée dans un communiqué. L’enquêté a également découvert qu’après s’être engagé, en 2019, à exclure des clients américain de la plateforme, Binance a gardé particulièrement les plus actifs pour permettre de réaliser un chiffre d’affaire considérable pour le site.

« Quand Binance s’est lancé, il ne possédait pas les instruments adéquats de contrôle de conformité pour la société qu’il était en train de devenir », s’est justifié Binance dans un message publié sur son site. La société a reconnu ce qu’elle appelle « des décisions malheureuses » et a accepté « d’assumer ses responsabilités concernant ce chapitre » de son histoire pour ne pas dire qu’il est sombre.

Selon le Wall Street journal, un accord a été conclu entre Binance et des autorités américaines de contrôle des marchés financiers. Et cet accord autorise à Changpeng Zhao de rester toujours actionnaire de Binance. M. Zhao est un citoyen canadien qui est né en Chine. Dans le même accord Binance a pris un engagement auprès des autorités américaines à se mettre sous surveillance, pour un délai de trois ans, d’un observateur extérieur chargé de la conformité, et à respecter des textes de loi en vigueur en cette matière. M. Zhao accepte aussi de démissionner et de plaider coupable pour sauver en quelque sorte la plateforme. Cette démission a sonné la fin d’une enquête de plusieurs années sur la plus grande bourse de crypto-monnaies du monde. L’ancien PDG de Binance a accepté de collaborer avec la justice pour mieux gérer les dégâts qu’il a fait faire à son entreprise.   

Dans la foulée Changpeng Zhao a été sommé de payer une amende personnelle de 50 millions de dollars et il pourrait passer aussi 18 mois de prison. Cette lourde sentence pourrait être prononcée en février 2024. Changpeng Zhao n’ambitionne pas de créer une autre start-up. Il s’estime être un entrepreneur chanceux d’une seule aventure, selon ce qu’il a écrit lui-même. Le désormais ancien numéro un de Binance laisse entendre qu’il est possible de conseiller des jeunes entrepreneurs. « Au pire, je pourrais au moins leur dire ce qu’il ne faut pas faire. »

C’est finalement Richard Teng, l’ancien chef de l’autorité financière d’Abu Dhabi et actuel chef des marchés régionaux à Binance, qui remplacera Changpeng Zhao au poste de PDG du groupe. M. Zhao est donc exclu de toute activité de Binance.

Il s’agit encore d’un coup très dur porté au secteur de la crypto-monnaie. La crédibilité des crypto-monnaies est une nouvelle fois mise en cause quelques mois seulement après que Sam Bankman-Fried, le fondateur de FTX, a été reconnu coupable de fraude et de détournement de fonds des clients de cette bourse qui a fait faillite. Bien entendu les cours des plus grandes crypto-monnaies ont dégringolé à l’annonce de la démission de Changpeng Zhao ainsi que la condamnation de Binance par la justice américaine. Nous y reviendrons plus tard.